Le déclin et la chute

Louis Ravel

Moteur Ravel  à Besançon

Louis Ravel quitte, en 1922, l'entreprise Th. Schneider et fonde une société fermière. C'est le départ de la renaissance de la marque « Automobiles Ravel ». Il expose au salon d'octobre 1922. L'auto-vélo lui consacre un bon article : 

"La 12 HP RAVEL

Ravel a brisé complètement avec la routine dans la présentation : au Salon, stand grande nef, de son remarquable châssis. Son groupe moteur est une pure merveille et fait figure nouvelle par sa géométrie dans la mécanique automobile.

Le bloc moteur Ravel, en effet, présenté sur sa table unique en aluminium un seul joint horizontal, en, dessus le relief de son nerveux 4 cylindres 75x130, tournant à 3.000 tours, la magnéto et la boîte de direction d'un côté, la pompe et le carburateur de l'autre, ajoutez un bossage pour l'embrayage et voilà .toute la modestie de cette merveille. En dessous, c'est la demi-table inférieure .aux cinq demi coussinets, qui vont supporter les trois groupes, vilebrequin, embrayage et boîte de- vitesses que protègent, trois carters démontables en deux secondes.

Un arbre transversal suffit à toutes les commandes, pédales et leviers, c'est de l'accessibilité absolue, qui permettra d'inspecter la mécanique motrice avec rapidité, car tout y est à son aise, aucun organe ne gêne son voisin, ni pour son fonctionnement, ni pour son démontage... et cela est très intéressant et fait honneur à son constructeur.
"

Louis Ravel expose au salon 1923, la critique d'Auto-Vélo est excellente. " Dans une réunion de voitures -comme celle du Salon, les distinctions ne sont pas toujours commodes à faire, mais le pratiquant averti de l'automobile sait établir une sélection.
 Voici, par exemple, une 12 HP d'une très belle construction, et qui marque une tendance accentuée vers ce que le public instruit exige : la simplicité organique jointe à l'accessibilité, qui facilite l'emploi et l'éntretien.
 Cette 12 Ravel révèle le souci du mieux en mécanique, et nous trouvons dans son beau bloc moteur à joint horizontal breveté qui permet, le châssis étant carrossé, le démontage rapide et facile et de tous les organes, sans se préoccuper en quoi que ce soit de la carrosserie. Le moteur est un 75/130 à palier central, soupapes par culbuteurs, graissage sous pression, et cet ensemble est vraiment remarquable comme usinage. La voiture, a une transmission intégrale et est, ce que nous croyons volontiers, une grimpeuse de côtes émérite, c'est-à-dire qu'elle a un rendement très élevé.
 Il faut voir cette voiture, qui est vraiment un modèle par sa simplicité, sa sobriété, et, possède d ailleurs tout ce que l'on rencontre dans une voi-.~ ture de grand luxe.
 Ravel est, de plus, une voiture parfaite qui, dans sa puissance, 45 CV, et à son prix de revient, est sans égale
. "

Louis Ravel collabore avec l'ingénieur Gérard et expose un châssis 12 HP au salon de Paris en 1924. La qualité de conception de son moteur est reconnue par la revue "L'industrie automobile". Le bloc moteur est spécial et breveté tous pays. L. Ravel est si sûr de la qualité de son châssis qu'il le garantit 2 ans.

En 1924 toujours, on notera les pistons en alpax et les bielles tubulaires en acier nickel-chrome traité, qui équipent le moteur de la 12 HP. Au concours d'élégance du Nord de la France, une Ravel carrossée Dannels frères, remporte le 2° prix, voitures fermées.

Le siège social de l'entreprise a déménagé du 72 rue de Belfort au 13 rue de l'Eglise. En une année, Louis Ravel a sensiblement développé sa gamme de véhicule.

Le Mans, l'accident

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Louis Ravel

  • Ravel Carrossée Monjardet  à Besançon
  • avel  à Besançon
  • Ravel  à Besançon

L. Ravel engage aux 24 h. du Mans, de 1926, trois torpédos carrossée par Monjardet. Elles sont équipées d'un moteur de 1 500 cm3, de pneus Dunlop et d'un carburateur Solex. Dans ce même Grand Prix, Th. Schneider a engagé 2 voitures !
Le 27 novembre 1927 la société fermière emprunte 26. 400 reichsmark à l'Administratie Kantoor de Maas, société de droit allemand dont le siège est à Rotterdam. Le prêt est remboursable le 28 février 1928.
Après un imbroglio juridique, la société Automobiles Ravel fait faillite. Louis Ravel décède en novembre 1930

Les locaux d'Automobiles Ravel de la rue de l'Eglise ont accueillis, au 11 - 13 une fabrique de sacs en papier - imprimerie, puis plus tard une concession Renault Machines Agricoles en 1961 et en 1965, ceux du 13, le Grand Garage d'Alsace. Le 13 laissera ensuite place à un immeuble. Les locaux du 11, reconvertis, conserveront les toits en sheds.


Th. Schneider

En 1924, Th. Schneider lance une extrapolation plus sportive de la 10 HP avec capot en alu poli; appellation « Sport » ou « Super Sport » puis « Le Mans ». Cette voiture, au châssis est extrêmement robuste, se distingue par sa vivacité et son excellent freinage. La firme se positionne désormais dans une niche sportive, en parallèle une camionnette 10 HP est produite. Le stand Th. Schneider reçut la visite du Président de la République au salon de Paris, Octobre 1924.

La même année l'entreprise commercialise une camionnette "normande" sur un châssis 10 HP.

Ravel et Langüt

La carrosserie Langütt et Cie (1920-1933) , 3 chemin des Cras, carrosse une 10 HP 1924 en Torpédo, elle est émaillée au pistolet sous pression. En 1926 Monjardet adopte également l'émaillage à froid Duco.

La rectification automobile de Franche Comté, implantée 10 avenue Fontaine Argent, a produit des pistons et des segments de 1924 à 1932. Elle disposait également des machines outils nécessaires à la rectification de pièces automobiles dont cylindres et vilebrequins.
 
En 1925, M. Monjardet administrateur de Th. Schneiderr est également administrateur des MESSAGERIES ET TRANSPORTS AUTOMOBILES des MONTS-JURA.

Aux 24 heures du Mans 1925, une des voitures engagées brise son levier de changement de vitesse, il est remplacé par celui ... de la camionnette de service ! Sans commentaires.

Au concours d'élégance de Vichy, une Th. Schneider, carrossé Monjardet, remporte le Grand Prix, "Amateur 3° série" en août 1925. M. Devaux reprend en main le service course.

Article du journal l'Auto 19 octobre 1925

La 10 HP Sport Th. Schneider
 "Nous n‘avons pas à revenir dans le cadre étroit qui nous est assigné sur tout l'intérêt que présentent les courses et leur résultats par la répercussion qu‘ils apportent sur la construction en série.
Comment pourtant ne point rappeler les magnifiques succès enregistrés cette saison un partout à travers la France, par cette belle 10 CV Th. Schneider, voiture parfaite de grand sport et de grand tourisme.
Au circuit de Saône-et-Loire, au Val Suzon, au Ballon d’Alsace, à  Laffrey, au circuit de régularité de Comminges, au redoutable circuit des Routes Pavées, où les deux Th. Schneider qui prennent part à l’épreuve sont à l'arrivée.


... Suite 

Partout où elle s’est alignée la 10 CV Th. Schneider a inscrit au palmarès de la marque une très belle performance elle est chaque fois d’autant plus méritoire qu’elle à l’actif d'une voiture rigoureusement de série ... et toujours confortablement carrossée en série également On sait quelles sont les difficultés du problème de la. 10 CV sport dite voilure extra rapide, voiture à haut rendement, voiture bien moderne. Tous les derniers perfectionnements doivent s'y rencontrer et c'est parce que la 10 CV sport Th. Schneider remplit toutes cesconditions q u’elle est bien digne de cette appellation.

La construction de la 10 CV sport Th. Schneider n'empêche pas notre brillante firme de Besançon de construire en grande série la fabrication de la 10 CV tourisme en ville. Ces deux modèles trouvent en ce moment auprès de là clientèle avisée de l’automobile, le plus complet succès.
Th. Schneider expose ses modèles dans son magasin 93, avenue des Champs-Elysées, Paris."

La presse du 26 février 1925 

La visite du Préfet le 1° avril 1925.    



                              

La même année 1925, Th. Schneider recrute le pilote Desvaux, vaincoeur de plusieurs Grands Prix comme "chef de service des courses". Ce recrutement marque le retour à la compétition de haut niveau de la marque. Cette même année, en août Desvaux participe à la course de côte de Saint-Alban, en septembre, il a été classé au Circuit des Routes Pavées. Coté technique, Emile Demange dépose le brevet FR591382T : Transmission pour véhicule automobile

Les 24 heures du Mans 1926 affichent un beau plateau : 46 voitures engagées, parmi lesquelles deux Th. Schneider "qui ont un châssis remarquable" et trois Ravel, "habituées des dures épreuves".

Dans le cadre du salon 1926, la presse rapporte qu'un repas de gala a été organisé par Th. Schneider et Cie, y participaient : MM Jules Tabourin, né le 4 novembre 1875 à Issoudun, président du Conseil d'administration, Théodore Schneider, Robert Poirier, né le 8 octobre 1894 à Tour, agent général de la marque et membre du conseil d'administration ... . Ces mêmes Poirier et Tabourin ont participé à de nombreuses courses du calendrier 1926. 

Tracteur Th. Schneider à Besançon

L'esprit de compétition imprègne fortement cette entreprise ! Lefranc et Fontaine coururent également sous les couleurs de Th. Schneider.

La même année, au meeting des Routes pavée de septembre, Th. Schneider engage un véhicule de livraison., dans la catégorie Concours des véhicules industriels et commerciaux.

En 1927 Th. Schneider construit un tracteur à chenilles SIAM de 35 chevaux.

La même année, Jules Poirier, engage deux voitures, en Espagne, au Critérium International des 12 heures.

La presse annonce le jeudi 8 novembre 1928 que "la S.A.D.I.M continue la fabrication de Th. Schneider, à Besançon , en ce qui concerne les tracteurs et autos. Siège social : 55, rue de Châteaudun, Paris."
Une variante raccourcie de la 10 HP apparaît, mais la crise de 1929 rompt le fragile équilibre. Les banques ne soutiennent plus la firme. La faillite est déclarée le 29 janvier 1929,. en 1930, cessation définitive des activités automobiles, rachat par l’entreprise de motoculture S.A.D.I.M. Les moteurs Douge ont équipé quelques tracteurs dans les années 30.
 
Le principal concessionnaire anglais rachète l’intégralité du stock de 10 HP restant, permettant aux inconditionnels de la marque de faire entretenir leur auto, d’en acheter de nouvelles aussi car, sur demande furent montées des 10 HP Le Mans à partir du stock de pièces existantes, quasiment jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale !

En 1930 Ferdinand Monjardet est nommé administrateur délégué de la société Th. Schneider.

La liquidation

SOCIETE ANONYME DES AUTOMOBILES Th. SCHNEIDER
EN LIQUIDATION

Au capital de 2.900.000 francs.
Siège de la Liquidation :
28, avenue Fontaine-Argent, Besançon

L’Assemblée générale extraordinaire des Actionnaires de la Société anonyme des Automobiles Th. Schneider, en date du 10 mars 1931, a ratifié l’apport fait à titre de fusion à la Société Anonyme d’instruments de Motoculture au capital de onze millions de francs dont le siège social est à Paris, 55, rue de Châteaudun, suivant acte s. s. p. en date des 12 et 14 février 1931 intervenu entre les deux administrateurs-délégués des deux Sociétés, sous la condition suspensive de l’approbation des Assemblées générales extraordinaires des actionnaires de la Société anonyme d’instruments de Motoculture et de la Société anonyme des Automobiles Th. Schneider.

Du fait de l’approbation et de l’acceptation de l’apport fusion par l’Assemblée tenue le 17 mars 1931, par les actionnaires de la Société anonymes Automobiles Th. Schneider, la fusion des deux Sociétés est devenue définitive depuis cette dernière date et la Société anonyme des Automobiles Th. Schneider s’est trouvée dissoute de plein droit et est entrée en liquidation amiable.

M. YIEILLE-CESSAY avoué près la Cour d’Appel de Besançon, demeurant en cette ville, 14, rue du Président-Wilson, 

et 

M. Louis MOUTIER, administrateur de sociétés, demeurant à Paris, 124. avenue Emile-Zola, ont été nommés liquidateurs avec les pouvoirs les plus étendus pour agir ensemble ou séparément.

Le siège de la liquidation a été fixé 28, Fontaine-Argent, a Besançon (Doubs)
Pour extrait :
Les liquidateurs,
VIEILLE-CESSAY et Louis MOUTIER.

Saint-Joseph

En 1937 les installations industrielles de l’avenue de Fontaine-Argent sont vendues et transformées en l’Institution Saint Joseph, le bâtiment en façade est construit. Une partie des ateliers en shed de Th. Schneider est conservée. Ils y abritent le lycée professionnel Saint-Joseph.

Que sont-ils devenus ?

En 1918, Marius Adenot, Directeur d'usine à Besançon est également également administrateur des la Société Anonyme des motocyclettes et automobiles Viratelle à Lyon.

Garages relais de l'Automobile-Club du Doubs en 1921 :

  • Blanchard, garage à Taragnoz.
  • Goux, garage, place Granvelle.
  • Groshenry, garage, Avenue Carnot.
  • Hausamann, garage, rue Général Rolland.
  • Magnin, garage, Avenue Carnot.
  • Sancey, garage, rue Charles Nodier
  • Schneider, garage, Avenue Carnot.
  • Thieulin, garage, Avenue Fontaine-Argent

En 1925, Marius Adenot est Directeur Général de la Société Lyonnaise d'Industrie Mécanique ou SLIM, qui fabriqua moteurs et automobiles. Elle est appelée MIL'S aujourd'hui.

Les garages à Besançon en 1925 :

  • Garage Flore, place Flore.
  • Garage National E. Zettwoog, pilote de voiturette Thieulin, 21, rue Charles-Nodier, il est concessionnaire Amilcar.
  • Grand Auto Garage L. Thieullin et Cie, 24, avenue Fontaine-Argent.
  • Grand Garage Carnot, Daillin et Tissier, 18, avenue Carnot.
  • Grand Garage de la Gare, Groshenry, 49 et 51, avenue Carnot.

En octobre 1929, à l'occasion du Salon de Paris, un journaliste écrit : "... quelques vieux du cycle et de l'automobile tels que Régal, ... Champoiseau, Coquelle ... discutaient des courses d'autrefois ... . [ L'Auto ] Toujours au même salon, l'Auto organise le "Déjeuner des Vieux" auquel Champoiseau participe. Il se retrouvera sur le passage du Président lorsque celui-ci visitera le salon.

En marge du salon de Paris, le salon des "Antiques" est organisé en 1934, y participe, une Louis Ravel 1899.
En 1936 la carrosserie Monjardet emploie 15 ouvriers, celle d'Alexandre Langutt 29. 

En 1939 F. Monjardet est secrétaire de la chambre des carrossiers du Doubs. Lui et Langutt sont agréés par la Chambre Nationale de la Carrosserie.

Dans les années 30 Théodore Schneider s'installe à Paris et s'investit dans les freins Mistral, la Société de Tracteurs Agricoles et Routiers en 1934. Cette dernière société est administrée par Messieurs Schneider, Jacques Denis, Roger Ruhl et Paul Mistral, nommés gérants par les statuts. La durée de leur fonction n'est pas limitée.